Autour de leur deuxième anniversaire, certains enfants se transforment en véritables petits monstres : crises, hurlements, caprices…Comment s’y retrouver et surtout comment résister à la frustration et à l’énervement? Cet article tentera d’examiner les stratégies les plus efficaces afin de ne plus se fâcher et aider l’enfant à changer de comportement.

En effet, aux alentours de 18 mois (et parfois jusqu’à 3 ou 4 ans), les enfants connaissent de nombreux changements… et font souvent vivre un enfer à leurs parents. C’est une période où ils sont très réactifs. Ils partent rapidement en opposition ou en crise.

Beaucoup de transformations et d’évolutions interviennent chez l’enfant à cet âge-là, mais il n’est pas en mesure de les exprimer. Son seul moyen d’expression reste donc ce genre de crises pour faire comprendre qu’il y a un problème. Pour les spécialistes, ils deviennent terribles quand les parents se braquent dans une autorité sans réaliser ce qu’il se passe pour l’enfant à ce moment-là de son développement.

À cet âge-là, l’enfant commence à prendre conscience de son individualité. Il réalise qu’il peut prendre des décisions par lui-même. C’est une phase dite d’individuation. Jusque-là, il était le prolongement de sa maman et son papa. Cette phase un peu difficile, aussi dite phase “du non” vient donc de la confrontation entre l’autorité parentale et cette personnalité naissante. Mais pas d’inquiétude, ce n’est qu’une phase transitoire, et si cette phase est bien accompagnée, elle peut durer simplement quelques temps.

La plupart du temps, les crises interviennent au cours des transitions du quotidien.

Ces crises peuvent être provoquées par de nombreux événements au cours de la journée. Cela interviendra par exemple au moment de l’habillement, quand il faut se dépêcher le matin. Le repas peut également être source de conflits : un enfant de deux ans est déjà grand, il veut être parmi les autres et faire comme les autres.

Le moment du coucher est souvent très redouté par les parents. Mais il y a quelques adaptations à faire à cet âge-là… Explications biologiques : en effet, vers 2 ans, le champ de mélatonine se déplace. Un enfant de deux ans va donc plutôt dormir entre 21h et 22h, sauf que la plupart des parents restent calés sur un rythme de sommeil à 20h. D’où le conflit car l’enfant n’a pas vraiment sommeil!

Par ailleurs, il faut si possible éviter de l’emmener dans un supermarché. C’est un lieu difficile à gérer pour un enfant : entre les lumières, les gens stressés, les nombreuses couleurs, c’est beaucoup trop de stimuli pour lui. Son cerveau va donc se concentrer sur quelque chose qu’il connait : un paquet de bonbons, des gâteaux, un jouet… On comprend alors la crise qui s’en suit. Pas parce qu’il en veut forcément, mais parce que cet objet familier va aider son cerveau à se calmer. Pour l’occuper, vous pouvez lui donner une tâche : porter le panier, s’occuper des oranges, choisir 3 très belles poires, ou bien les céréales, par exemple. Il se sentira utile et portera sa concentration sur une tâche particulière.

Une certaine immaturité donc, et si c’était la faute de son cerveau ?

Rappelons que pendant les 5 à 7 premières années, 85% du cerveau de l’enfant va se développer. Avec beaucoup d’affection, des millions de connexions vont se faire et se défaire dans le cerveau de l’enfant.

Les crises de colère, les émotions fortes, les hurlements, les pleurs, sont donc, dans la petite enfance, une conséquence de l’immaturité du cerveau de l’enfant.

Le rôle de l’adulte dans tout çà?

Le rôle de l’adulte est déterminant car il va devoir accompagner l’enfant pour calmer les tempêtes émotionnelles qui se développent dans son cerveau.

Les comportements « dérangeants » sont l’expression d’une émotion chez l’enfant ou d’un besoin non comblé. En psychologie, on dit que c’est le début de la conscience de soi chez l’enfant : la prise de conscience qu’il est une personne à part entière et qu’il peut se distinguer des autres. Elle se développe jusqu’à l’âge de 4-5 ans. C’est donc une période de différenciation et non pas d’opposition. Appelée aussi, la phase du « non», elle sert à protéger sa nouvelle identité, à s’affirmer, à développer sa capacité à faire des choix, à nommer ses opinions et ses émotions. Pour l’enfant, c’est apprendre à vivre avec des limites et à gérer les frustrations face aux refus de l’adulte. Comme parent, le défi est d’accepter la protestation de l’enfant lors des refus et des limites.

Comment gérer ces crises ou mieux… les éviter ?

Dans la mesure du possible, il faut éviter de susciter ces colères chez l’enfant et pour cela, il faut essayer de rentrer dans le monde de l’enfant… et donc adapter son comportement ! Souvent, les parents vont dire ‘je lui ai répété dix fois et il continue’… Dans aucun autre domaine, on persiste quand on voit que notre démarche ne marche pas. En termes d’éducation, il faut raisonner de la même manière : ce n’est pas parce qu’on insiste que cela va finir par fonctionner. Il va plutôt falloir chercher l’origine de la crise. Cela peut être une situation de stress, une émotion qu’il a du mal à exprimer ou encore un sentiment d’impuissance quand il n’a pas réussi à s’affirmer comme individu. N’oublions pas que l’enfant dispose encore peu de vocabulaire pour s’exprimer à cet âge.

Ce n’est pas pour autant qu’il faut laisser les enfants agir comme ils le souhaitent. Les consignes sont très importantes, les enfants adorent ça. Ils adorent l’ordre et les règles. Mais il faut faire la distinction avec une interdiction. Les parents ont tendance à poser des limites plutôt que des règles. Un enfant de deux ans n’a pas la capacité de s’empêcher de faire quelque chose. Lorsqu’il éprouve l’impulsion de jeter par exemple, il va jeter. Sauf si moi, en tant que parent adulte, je peux lui donner des clés sur comment faire face à cette situation, en l’occurrence, un épisode de stress. Soit je le prends dans les bras, soit je chante avec lui, soit je lui donne un verre d’eau, soit je lui apprends à souffler… Bref, je l’éduque à réguler son stress, la source de sa crise.

De même, un enfant de deux ans n’est pas en mesure de saisir le sens d’une négation. Quand vous direz ‘ne jette pas’, l’enfant entendra ‘jette’. Il ne s’agit donc pas d’une confrontation pour énerver ses parents, au contraire : il cherche à satisfaire la consigne qu’il a entendue.

Si un enfant fait trop de crises, les parents sont tout de même en mesure de se poser certaines questions. Cela peut venir du fait que l’enfant mange trop de sucres, d’un problème de digestion ou encore d’une intolérance alimentaire. Cela peut aussi venir d’un manque de mouvement. Un enfant qui reste trop inactif dans la journée, qui ne se dépense pas assez, va mettre le cerveau sous stress car il n’est pas assez sollicité.

Comment favoriser la collaboration et diminuer les frustrations de tout le monde?

  • Offrir des choix (dirigés en fonction de nos attentes)

Être moins directif (Être dans le plaisir plutôt que dans la confrontation : utiliser le jeu, l’humour, le monde imaginaire qui augmente la motivation de l’enfant à collaborer)

  • Gérer nos propres émotions comme parent
  • Activer davantage le néocortex de l’enfant plutôt que le cerveau émotionnel (mettre l’enfant en action)
  • Encourager l’enfant à réfléchir et analyser les situations en lui posant des questions fermées (2 choix de réponses)

Mais dans la plupart des cas, cette phase est cependant transitoire, il ne faut pas s’inquiéter outre-mesure. Elle est même nécessaire. Simplement, elle peut passer très vite si les parents ne sont pas dans la confrontation et l’interdit, mais plutôt dans l’écoute, l’éducation et la consigne. La bagarre n’est pas obligatoire s’il sent émerger sa personnalité sans être confronté à une autorité qui le nie en tant qu’individu.

Davantage de questions? Toujours difficile? Les programmes Triple P ont montré leur efficacité à travers de nombreuses études cliniques menées à travers le monde pour réduire les comportements perturbateurs des enfants de 0 à 18 ans.

N’hésitez pas à vous renseigner et prendre contact avec le Centre D’Appui Familial : Nous sommes à votre écoute.

Sophie Gentilini familles@cdafsa.ca

Praticienne Triple P agrée Triple P soins primaires, Stepping Stones, Triple P de groupe, Teens, Cheminement.

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