Chers parents et professionnels de la petite enfance,

Nous avons eu récemment le plaisir de présenter un atelier à l’école “La Prairie” de Red Deer. Nous tenons à remercier chaleureusement cette école pour leur invitation et leur intérêt. Ce fut un moment riche en connaissances et en partage. Nous sommes fiers d’avoir eu l’opportunité de collaborer avec vous, dans l’intérêt premier des élèves, en soutenant les parents.

Suite à cette expérience enrichissante, nous avons décidé de créer cet article pour donner un aperçu du travail accompli et des discussions qui ont eu lieu. Pour introduire cet article, nous souhaitons partager avec vous l’histoire récente d’une famille.

(Les identités ont été modifiées pour préserver l’anonymat).

Récemment, Émilie nous a parlé de son fils de 4 ans, Émile. Elle se sent de plus en plus dépassée par certains de ses comportements difficiles et l’agressivité de son petit garçon. Elle raconte que plus le temps passe, plus il est difficile d’obtenir la coopération de son enfant, ajoutant : « Il ne m’écoute plus ! ».

Émilie nous a confié que les comportements agressifs et de résistance d’Émile ont considérablement augmenté. Il crie, bouscule sa petite sœur et refuse de se coucher. Plus cela se produit, plus Émilie se sent frustrée et réagit en conséquence. Pour tenter de rétablir l’ordre, elle utilise de plus en plus ce qu’Émile aime le plus contre lui. Cela fait un moment que cette situation dure, et Émilie se sent piégée dans un cercle vicieux où elle hausse souvent le ton, menace de lui interdire les jeux vidéo à jamais, ou l’envoie dans sa chambre en criant.

Elle finit par nous dire que la seule façon de faire habiller Émile est d’user du chantage. Émilie a perdu son influence naturelle de parent : son fils ne suit plus ses directives. Aujourd’hui, elle se sent dépendante de ces stratégies pour qu’Émile coopère dans les routines et ait de bons comportements. En nous sollicitant, elle cherche à mieux comprendre comment intervenir au quotidien, adopter une discipline qui diminue les comportements difficiles de son enfant tout en réactivant son influence naturelle de parent. Elle sent qu’en l’absence de changement, les années à venir seront encore plus complexes pour elle et son fils.

Que ce soit pour notre enfant de 3 ans qui refuse de s’habiller, celui de 5 ans qui tape sa sœur, ou encore celui de 15 ans qui nous répond avec insolence, il est tout à fait sain et normal que cela nous affecte en tant que parents !

Nous savons que pour aider nos enfants à grandir et s’épanouir, nous devons les influencer, les guider et les diriger. Et lorsque nous sommes confrontés à des comportements problèmatiques, il est normal de ressentir de grandes émotions ! Nous voulons tous que nos enfants deviennent des adultes respectueux et empathiques.

  • Mais comment y arriver ?
  • De quoi notre enfant a-t-il besoin pour grandir en un adulte équilibré ?
  • Et, surtout, comment gérer les moments difficiles, ces tempêtes émotionnelles où tout le monde est à cran ?

Ce sont ces questions que nous devons nous poser lorsque nous pensons à la discipline.

Les enfants se basent sur la connexion avec nous pour se sentir en sécurité, ce qui les aide à réguler leurs émotions, afin qu’ils puissent ensuite réguler leurs comportements, même s’ils sont contrariés. L’enfant a besoin de connexion et de compassion mais il a aussi besoin de limites. L’un ne va pas sans l’autre. 

Élever un enfant sans limite ni règle, c’est comme permettre à un enfant de traverser un pont suspendu sans rampe. C’est extrêmement inquiétant et insécurisant !

Il y a beaucoup à dire sur le sujet, mais rappelez-vous qu’une limite doit être :

  • Ferme : l’émotion débordante de l’enfant ne doit pas nous faire douter et revenir sur la limite posée.
  • Accompagnée de compassion : « Je sais que c’est difficile pour toi de ne plus avoir de biscuits ».
  • Dite avec confiance et affirmation : même si ce n’est qu’en apparence, adopter une position naturelle de leader avec « Je suis en charge de la situation ».

La discipline traditionnelle visait souvent à obtenir des comportements “bons” sans réellement considérer les impacts des interventions sur l’enfant et la relation parent-enfant. Par exemple, des phrases comme « Arrête de pleurer sinon… » ou « Tu ne me parleras pas comme ça sinon, va dans ta chambre ! » visent à étouffer le comportement non désiré. Ces stratégies, utilisées de manière répétée, peuvent nuire au développement et au monde intérieur de l’enfant.

Nous, les parents, avons de bonnes intentions, toujours !

Nous voulons mettre fin aux comportements agressifs ou désobéissants de nos enfants et leur enseigner la bonne façon d’agir. Cependant, nous croyons souvent, à tort, que nous pouvons commander l’écoute de nos enfants ou leur donner une leçon en pleine crise émotionnelle. Il n’est pas rare de penser que l’enfant agit par choix avec résistance ou agressivité.

En réalité, lorsque nous utilisons trop souvent des stratégies de discipline traditionnelle axées sur la peur, nous nous éloignons de notre objectif initial. Nous activons les défenses émotionnelles de nos enfants et nuisons à notre relation avec eux.

Il est crucial, pour aujourd’hui comme pour les années à venir avec l’adolescence, de préserver nos leviers parentaux les plus importants.

En tant que parents, nous devons nous interroger sur notre manière de discipliner nos enfants lorsque nous nous retrouvons dans les situations suivantes :

  • « Si tu n’arrêtes pas de répondre, tu ne joueras plus à tes jeux vidéo ! »

La frustration alimente les comportements agressifs et de résistance. Les menaces et punitions ajoutent de la frustration, ce qui aggrave le problème.

  • « Pourquoi tu as frappé ? Regarde-moi dans les yeux et explique-moi. Je te l’ai dit 1000 fois que tu ne peux pas frapper ! »

Nous ne pouvons pas utiliser la logique pour résoudre un problème émotionnel. Plus l’émotion est intense, moins la capacité à raisonner est présente. Le moment de crise n’est pas un bon moment pour enseigner.

  • « Je ne sais plus quoi faire avec toi ! Tu n’écoutes pas ! Tu es irrespectueux, je vais devoir chercher de l’aide. »

La sécurité de l’enfant repose sur notre relation avec lui. Partager notre sentiment d’impuissance n’est pas aidant car cela montre que nous avons perdu notre autorité.

La discipline devrait être notre manière, en tant qu’adultes, de mettre de l’ordre dans le chaos naturel lié à l’immaturité de nos enfants. Si nous utilisons des stratégies de déconnexion et de provocation, il est temps de revoir notre approche. Si nous disons à notre enfant que nous ne savons plus quoi faire, qu’il est trop pour nous, ou que nous lui laissons croire qu’il peut faire ce qu’il veut, nous devons réévaluer notre méthode pour soutenir au mieux son développement, maintenir la connexion et alléger notre quotidien de parent.

Être parent peut parfois être difficile, mais la parentalité ne doit pas être constamment stressante et épuisante. Lorsque nous avons notre pouvoir naturel, la vie de famille est plus sereine. Non pas sans défis, mais plus douce et agréable.

N’oublions pas : Nos enfants sont des êtres émotionnels. Leurs comportements reflètent leur état intérieur et leurs émotions. Plus nos enfants sont jeunes et immatures, plus ils sont imprévisibles, passant rapidement d’un état émotionnel à un autre. Dre Deborah MacNamara, psychologue développementale, utilise l’analogie des champs de mines pour décrire les transitions émotionnelles de nos petits : sans logique et sans préavis, une explosion peut survenir.

Au Centre d’Appui Familial, nous savons que vous voulez du concret et des conseils pratiques.

Voici quelques petits changements que vous pourriez inclure dans votre quotidien pour préserver la santé mentale de vos enfants :

  • Réduire les choix : Limiter les options pour éviter la surcharge.
  • Ralentir : Créer un environnement plus calme.
  • Changements dans la maison : Utiliser des éclairages doux, des senteurs naturelles.
  • Connecter plus avec la nature : Passer du temps à l’extérieur.
  • Augmenter les interactions sociales : Favoriser les relations avec les autres.
  • Plus de mouvement : Encourager l’activité physique.
  • Réduire les activités : Vos enfants n’ont pas besoin d’un emploi du temps de ministre, mais de votre présence et de temps familiaux calmes.
  • Faire plus de place au jeu libre : Laisser vos enfants jouer sans directives strictes.
  • Gérer l’imprévisibilité : Redéfinir un rythme et des routines sécurisantes.

En résumé :

  • Parlez moins
  • Écoutez plus
  • Aidez vos enfants à réguler leurs émotions

Si vous souhaitez communiquer avec notre superbe équipe à propos de vos questionnements ou des difficultés rencontrées, nous serons heureux de partager un petit bout de chemin avec vous pour vous soutenir. N’hésitez pas à nous contacter pour plus d’informations sur nos programmes tels que :

 

Service de Counselling

Marches/écoute  

Ateliers Parentaux

Triple P

Rencontres prénatales

Rencontres postnatales et visites à domicile

Visites à domicile

Parler pour que les enfants écoutent

Kids have stress too (Nos enfants et le stress)

Frères et soeurs sans rivalité

Sophie Gentilini  familles@cdafsa.ca